Juliette Pelerin, Sonia Carneiro, Barnabé Hausser et Théo Bassilana, avec Jules Fresard
Marqués par les périodes de confinement successives, de plus en plus de jeunes adultes seraient prêts à confier leur vie sentimentale à une agence spécialisée. Pour un coût loin d’être négligeable.
“33, 32, 32, 28…”. Derrière son écran d’ordinateur, Guerda de Haan, fondatrice de l’agence Elite Connexion, égraine l’âge de ses clients. Et force est de constater que malgré l’image quelque peu désuète des agences matrimoniales, ces dernières continuent d’attirer de nombreux jeunes adultes.
Les jeunes reviennent dans les agences matrimoniales, justement parce que c’est plus confidentiel, plus sécurisé. Il y a aussi plus d’accompagnement, et ils se sentent plus protégés”, déclare la professionnelle de l’amour, qui estime à 50% la part de sa clientèle jeune.
Comme pour mieux appuyer ses dires, Guerda de Haan n’hésite pas à appeler devant la caméra de BFMTV l’une de ses anciennes clientes. “Je te remercie encore de cette mise en relation”, lui indique Marie, 26 ans, qui s’apprête à s’installer avec son conjoint.
“Je me suis dit qu’avec une agence ce serait plus ciblé, que j’étais plus certaine de trouver l’amour et d’avoir quelqu’un qui correspondait à mes attentes”, poursuit la jeune femme.
Un besoin d’engagement
Depuis l’arrivée de Meetic en France en 2001, le champ de la séduction et de la rencontre s’est progressivement déplacé sur Internet, avec des applications comme Tinder désormais devenues incontournables pour la jeune génération. Une dynamique confirmée en 2019 par une étude menée conjointement par l’Université de Stanford en Californie et celle du Nouveau-Mexique.
“Nous présentons de nouvelles données d’un sondage national représentatif en 2017 portant sur des Américains adultes. Pour les couples hétérosexuels aux États-Unis, la rencontre en ligne est devenue la manière la plus répandue dont les couples se rencontrent, éclipsant la rencontre au travers d’amis en commun pour la première fois depuis 2013”, écrivent les auteurs de l’étude.
Mais après la crise sanitaire et ses nombreux confinements, de plus en plus de jeunes seraient désormais soucieux de se détourner du numérique pour leur vie sentimentale. C’est ce qu’avance Flore Cherry, journaliste au magazine Union et autrice de nombreux livres sur la sexualité.
“Les jeunes ont très envie d’engagement, surtout maintenant pour deux raisons. Ils ont vu leurs parents divorcer très vite, et ils ont besoin de retrouver cette valeur. Mais il y a également le post-confinement. Il y a beaucoup de jeunes célibataires qui avaient pris l’habitude d’enchaîner les rencontres, et qui se sont retrouvés tout seul dans un appartement. Ça a joué sur leur santé mentale”, explique-t-elle.
“Quelque chose de plus naturel”
Dans une agence matrimoniale, un ou une “matcheuse” a la charge de mettre en relation deux de ses clients, en se basant sur divers critères. La première rencontre se fait en face-à-face, mettant ainsi de côté les longues conversations à distance qui caractérisent parfois les applications de rencontre.
“Il y a quelque chose de plus naturel dans la rencontre, du fait qu’il n’y a pas cet échange digital. Donc l’agence matrimoniale ramène de la réalité dans la rencontre”, estime Flore Cherry, pour qui “le virtuel biaise complètement la rencontre”.
“Ça reste des façons très bizarres de se rencontrer, en passant toujours par le virtuel”, poursuit la spécialiste.
Le coût de l’amour
De même, la promesse illimitée de profils à disposition peut se révéler frustrante, pour des femmes souvent confrontées à pléthore de candidats, et des hommes ayant parfois quelque difficulté à décrocher un premier rendez-vous.
“Par une agence, on se dit que la personne qui va chercher pour nous, peut trouver la bonne personne”, estime Steffi au micro de BFMTV.
Tomber amoureux via une agence matrimoniale a cependant un coût. Certains forfaits débutent aux alentours de 500 euros, quand d’autres vous proposent de dégoter votre âme-sœur pour près de 3500 euros.
Pour les jeunes qui ne sont encore pas rentrés sur le marché du travail, les applications sont donc appelées à rester l’option préférée, comme le confirme un jeune homme rencontré par BFMTV: “Ça me parait un peu bizarre de payer pour trouver l’amour, moi je ne ferais pas ça”.
Juliette Pelerin, Sonia Carneiro, Barnabé Hausser et Théo Bassilana, avec Jules Fresard
Le 05/04/2023 à 11:28