« Ils ne savent plus draguer » : le retour en force des agences matrimoniales
Chaque jour cette semaine, nous nous intéressons aux différentes façons de rencontrer l’amour. Les applications de rencontres, popularisées il y a une dizaine d’années, ont révolutionné les relations amoureuses. Pourtant, aujourd’hui, les utilisateurs sont nombreux à reconnaître être lassés et se tournent vers d’autres méthodes privilégiant les rencontres dans la vraie vie. C’est le cas des agences matrimoniales, qui reviennent à la mode (5/5).
Cela pourrait paraître surprenant, à l’heure des réseaux sociaux et d’internet. Mais les agences matrimoniales reviennent à la mode et séduisent un public croissant à la recherche de l’amour. « J’ai énormément plus de demandes depuis le Covid. Les sites de rencontres se sont multipliés mais il y a beaucoup plus d’arnaques qu’avant, des faux profils, des gens mariés… Les gens en ont ras le bol et veulent de l’humain, une relation sérieuse », observe Valérie Périnel, qui dirige l’agence du même nom en Rhône-Alpes.
« Les jeunes sont trop hyperconnectés »
Celle-ci compte environ 300 membres, âgés de 28 à 85 ans. « Ils viennent pour rencontrer des gens qui ne sont pas dans la consommation de rencontres, pour avoir une intermédiaire et pour gagner du temps, mais aussi pour ne pas tomber sur n’importe qui », analyse la « love coach ».
« Les jeunes sont trop hyperconnectés, ils ne savent plus draguer. Ils passent par des applis à la con qui ne marchent pas du tout, où il n’y a aucun contrôle », constate également Guerda de Haan, que nous avons rencontrée fin juillet dans son bureau en banlieue parisienne. « Chez moi, tout est contrôlé. »
Cette ancienne mannequin a fondé en 2006 son agence matrimoniale « haut de gamme », Elite Connexion, après un divorce difficile et un cancer du rein. Aujourd’hui, elle revendique 300 membres, partout en France mais aussi à l’international (10 % de sa clientèle) et deux à trois couples formés par mois. Elle aussi constate un nombre d’inscrits « qui augmente tous les ans », ainsi qu’un rajeunissement de sa clientèle – la moyenne d‘âge de ses clients, qui se situe autour de 40 ans, a baissé de 10 ans depuis ses débuts.
La recherche d’une histoire « sérieuse et durable »
Ce jour-là, elle reçoit Nalia, 28 ans, une de ses clientes, pour débriefer de ses premiers mois dans l’agence. « J‘étais beaucoup sur les applications mais il n’y a rien de sérieux et pas beaucoup de discrétion, car il faut mettre une photo et je n’aime pas ça. Je fais confiance à Guerda car elle sent les gens et sait ce qui va ou pas », explique la jeune femme.
Cette designer, qui travaille dans la mode, recherche un homme âgé de 35 à 45 ans, qui soit « grand et musclé » aux « yeux clairs », qui parle anglais couramment et qui soit « généreux et spirituel ». Elle espère fonder une famille. Mais les deux premiers profils proposés par l’agence n’ont pas marché.
Après un rapide coup d’œil sur les profils enregistrés sur son téléphone, Guerda de Haan en trouve un qui pourrait lui correspondre… et l’appelle de sitôt. « Salut c’est Guerda. Je t’appelle car j’ai une fille, vraiment belle, qui pourrait te correspondre », explique la « love coach ». Accord de principe. Les deux clients de Guerda recevront dès le lendemain dans leur boîte mail le profil de l’autre, avec un pseudo et sans photo, confidentialité oblige. Ce sera ensuite à eux de prendre les choses en main et de se contacter pour organiser une première rencontre.
« C’est souvent la déception qui fait basculer les gens vers l’agence matrimoniale, ou l’impatience de trouver quelqu’un rapidement. La solitude parfois pesante aussi. À partir du moment où il y a la démarche de venir chez nous, c’est qu’ils recherchent quelque chose de sérieux et de durable », analyse Aurélie Lachaud, directrice de l’agence matrimoniale Fidelio à Dijon.
Des tarifs plutôt élevés
Mais ce service a un coût. Chez Fidelio, les tarifs varient de 990 euros pour une inscription de six mois à 1 500 euros pour une formule d’un an. « Rares sont les premiers rendez-vous qui sont positifs d’entrée de jeu, ce n’est pas aussi simple que ça peut paraître. Ce n’est pas toujours évident de rencontrer quelqu’un pour la première fois, il y a un temps d’adaptation pour les premiers rendez-vous », prévient Aurélie Lachaud.
Chez Valérie Périnel, le contrat de six mois est proposé à 1 420 euros, celui d’un an à 1 980 euros, sachant que des remises allant jusqu‘à 50 % s’appliquent pour les faibles revenus ou pour les moins de 30 ans ou 40 ans.
Guerda de Haan exige de son côté que ses clients soient « sincères », « déterminés », avec un « bon niveau socio-culturel » et « indépendants financièrement ».
Des membres VIP
« 70 % de mes clients sont des chefs d’entreprise, 20 % des professions libérales (avocats, médecins…) et 10 % des cadres supérieurs, politiques, artistes ou issus du showbiz. Pour les plus jeunes, j’accepte seulement les cadres », dit-elle franchement. « L’argent est source de beaucoup de problèmes dans les couples », se justifie-t-elle.
Les tarifs de son agence se chargent de faire le tri : de 3 500 € l’inscription d’un an pour les moins de 35 ans à 11 900 € pour les membres VIP. Une fois ce tarif réglé, la love coach ne lésine pas sur les moyens pour faire matcher ses clients : elle s’improvise ponctuellement relookeuse, organisatrice de repas entre célibataires voire… thérapeute de couple.
– 02 août 2024 à 07:45 | mis à jour le 02 août 2024 à 08:30 – Temps de lecture : 5 min lie : https://www.leprogres.fr/magazine-lifestyle/2024/08/02/ils-ne-savent-plus-draguer-le-retour-en-force-des-agences-matrimoniales